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Application de la biologie synthétique à la santé en Afrique subsaharienne

La biologie synthétique (SynBio) est un domaine scientifique qui consiste à reconcevoir des organismes à des fins utiles en les concevant pour qu’ils aient de nouvelles capacités. À ne pas confondre avec l’édition du génome où les scientifiques utilisent des outils pour apporter de petites modifications à l’ADN de l’organisme, en biologie synthétique, les scientifiques assemblent de longues étendues d’ADN et les insèrent dans le génome d’un organisme. Ces morceaux d’ADN synthétisés pourraient être des gènes que l’on trouve dans d’autres organismes ou ils pourraient être entièrement nouveaux[i]

 

Recommandation de l’UA sur la biologie synthétique

Le Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur les technologies émergentes (APET) a mené une enquête pour déterminer les technologies émergentes d’importance économique potentielle. Le panel a identifié dix technologies émergentes comme domaines prioritaires de pertinence pour le développement socio-économique de l’Afrique. Parmi ces technologies figure la biologie synthétique.

Le développement et les tests de SynBio sont réglementés par le Réseau africain d’expertise en biosécurité (ABNE) de l’AUDA-NEPAD, dont l’objectif global est de renforcer les capacités des pays africains à mettre en place des systèmes de réglementation fonctionnels en matière de biosécurité.

Bien que ce réseau soit en place, il se concentre en grande partie sur la biotechnologie agricole, laissant un vide criant sur la biotechnologie de la santé et plus particulièrement SynBio.

 

Travaux en cours et acteurs principaux

Le développement et les tests de SynBio pour la santé sont en cours dans plusieurs pays subsahariens. En 2020, le gouvernement du Kenya a financé la recherche sur la biologie synthétique dans le cadre du Fonds national de recherche du pays dans le but d’utiliser les innovations de la biologie synthétique pour relever les défis insolubles en matière de sécurité alimentaire et de soins de santé. Cette recherche en cours est dirigée par une équipe multidisciplinaire de chercheurs locaux, dans le but d’exploiter la puissance de la biologie synthétique pour fournir des solutions viables à la surveillance et à l’intervention retardées des maladies dans le pays.

En 2021, des participants de 20 pays se sont réunis à Kampala, en Ouganda, pour la conférence inaugurale sur la biologie synthétique et la biosécurité. La conférence a réuni des passionnés de biologie synthétique, des scientifiques, des spécialistes des données, des bioinformaticiens, des chercheurs, des éthiciens, des décideurs, des entreprises de biologie synthétique et des industries à travers l’Afrique, dans le but d’approfondir la compréhension

et de favoriser la mise en œuvre de la biologie synthétique et de la biosécurité sur le continent africain.

D’autres acteurs travaillant sur SynBio incluent SynBio Africa qui est un forum pour les chercheurs, les étudiants, les scientifiques citoyens, les décideurs politiques et le grand public pour élaborer des stratégies et développer des voies pour la vulgarisation des technologies SynBio et leurs produits et services résultants à travers l’Afrique. D’autre part, Biomaker Africa forme des biologistes et des non-biologistes sur SynBio et partage du matériel scientifique essentiel à la construction d’outils SynBio.

 

Cadres réglementaires dans les pays en Afrique subsaharienne

Les approches SynBio s’appuient sur des méthodologies et des techniques modernes de biotechnologie, de sorte que certaines dispositions actuellement contenues dans la réglementation sur les OGM (organismes génétiquement modifiés) de nombreux pays africains peuvent lui être étendues. Cependant, les cadres réglementaires pour les produits SynBio, y compris les organismes synthétiques, dans les pays d’Afrique subsaharienne doivent encore être élaborés.

Étant donné que des organismes complexes sont produits par SynBio, il sera nécessaire d’élaborer des réglementations pour une analyse des risques plus complète. Notamment, même les pays africains dotés de systèmes bien établis de réglementation des organismes génétiquement modifiés (OGM), tels que le Kenya et l’Afrique du Sud, doivent encore mettre en place des réglementations spécifiquement destinées à SynBio.[ii]

Notamment, les pays africains adoptent de plus en plus d’OGM, notamment l’Ouganda, le Ghana, le Nigéria, le Cameroun, l’Éthiopie, le Malawi, le Mozambique et eSwatini et ceux-ci pourraient trouver facile d’adopter SynBio. En 2019, le Nigéria a modifié la loi de 2015 sur l’Agence nationale de gestion de la biosécurité pour inclure la réglementation de ces approches émergentes de technologie génétique telles que le forçage génétique, l’édition de gènes et la biologie synthétique, et pour assurer la biosécurité, suivies des directives nationales pour la réglementation de l’édition de gènes. .

Défis sur le développement et les tests de SynBio
Les inquiétudes autour de SynBio reposent fortement sur les implications éthiques et sociales, avec des inquiétudes liées au fait que des acteurs malveillants pourraient utiliser la biologie synthétique à des fins malveillantes, enfreindre les droits de propriété intellectuelle sur la matière biologique et synthétiser des virus menaçants. L’établissement de codes de conduite éthiques pour les biologistes à l’échelle mondiale peut aider au contrôle de SynBio.

De plus, la biopiraterie des vastes ressources génétiques de l’Afrique a suscité des inquiétudes. La biopiraterie est l’appropriation ou l’exploitation commerciale contraire à l’éthique ou illégale de matériel biologique originaire d’un pays ou d’un territoire particulier sans fournir de compensation financière équitable à [son] peuple ou son gouvernement.

 

Références
[i] https://www.genome.gov/about-genomics/policy-issues/Synthetic-Biology

 

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